Pour être considérée comme une tradwife, un des critères fondamentaux semble être le fait de ne pas exercer d’activité professionnelle rémunérée hors de la maison. Mais cela signifie-t-il que les tradwifes ne travaillent pas ? Pour répondre à cette question, il faut définir ce qui est du travail et ce qui n’en est pas. Est ce que travailler signifie gagner de l’argent ? Dans ce cas, un rentier qui perçoit ses rentes sans effort travaille, mais l’entrepreneur qui démarre son activité et qui n’a pas encore fait de vente ne travaille pas, puisqu'il ne se rémunère pas pendant parfois plusieurs mois les premiers temps. De plus, on dit que la tradwife qui fait le ménage dans sa maison ne travaille pas. Mais alors, les femmes de ménage rémunérées qui font exactement la même chose mais pour d’autres en étant rémunérées, elles, travaillent ? Même chose pour la garde d’enfant: s’occuper des enfants des autres serait un travail, mais s’occuper de ses propres enfants n’en serait pas un ? On voit bien là les limites d’un tel raisonnement. Ou alors, travailler signifie exécuter une tâche dans un but précis, dans le cadre d’un projet plus global. Se rendre utile, en fait. On fait le ménage pour entretenir sa maison, on lit une histoire à ses enfants pour créer un lien particulier avec eux, on cuisine un bon repas pour tisser des liens familiaux et garder la famille en bonne santé…Et ces actions sont un travail, qu’elles soient rémunérées ou non car, ce qui compte vraiment, c’est ce que l’on produit, pas ce que l’on vend. Cette distinction fondamentale entre rémunération et non-rémunération cristallise bien l’obsession des occidentaux pour l’argent. Comme si ceux qui faisaient le choix de ne pas en vouloir outre mesure étaient des fainéants, alors que ceux qui font le choix d’en gagner beaucoup et qui, de fait, délèguent toutes les autres tâches domestiques à des ouvriers (qu’en général, ils méprisent copieusement), étaient de valeureux et courageux héros de la société.
Il semble donc que travailler pour un patron inconnu soit un symbole de réussite et de liberté, alors que travailler pour sa famille et son foyer, avec lesquels la tradwife est liée à vie, soit un symbole d’échec et de privation… En réalité, ces deux visions se complètent. Un foyer a évidemment besoin d’argent pour fonctionner, mais il a aussi besoin de temps. Or, celui qui travaille pour d’autres gagne de l’argent, et celui qui travaille pour lui gagne du temps.
Dans le modèle traditionnel que nous représentons, l’homme gagne de l’argent qu’il offre ensuite à sa famille, et la femme gagne du temps qu’elle offre également à sa famille.
Pourquoi ? Parce que, pendant les premières années après l’accouchement, la présence de la mère au côté de l’enfant est nécessaire. Rien que l’allaitement rend quasiment impossible toute activité professionnelle car notre société n’est pas du tout faite pour accueillir des mamans allaitantes. C’est donc naturellement que l’homme va se positionner en pourvoyeur de ressources, et la femme en gestionnaire de ressources en restant à la maison. Mais, dans la vie, il y a des cycles. Les enfants ne demandent pas la même attention à chaque stade de leur vie, bien heureusement ! Une mère dont les enfants sont à l’école toute la semaine et qui réussit à gérer son foyer en y consacrant peu de temps grâce à son expérience peut très bien avoir une activité professionnelle afin de générer un revenu complémentaire ! Cela ne la rayera pas instantanément de la carte des tradwives. Tout est une question de priorité. D’abord la famille et le foyer, ensuite la carrière et l’argent. C’est, en fait, plutôt cette priorisation qui serait un critère pertinent pour définir l’activité d’une tradwife. Il est évident que dans les sociétés traditionnelles, personne ne chômait. La lutte pour la survie était telle que tout le monde se rendait utile là où il était le meilleur, comme dans n’importe quel groupe de travail. Les personnes âgées, les hommes, les femmes, les enfants… Toute la société était solidaire à cause de l’inconfort des conditions de vie et de la complémentarité de chacun. Les femmes ont donc toujours travaillé et, soyez rassurés, elles travailleront toujours…
Adrien des Sources .
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